Neti, neti: « il n’est pas ceci, il n’est pas celà »

Purusha dans le Samkhya représente le principe spirituel présent en chacun. C’est l’esprit, c’est l’Homme Essentiel, l’essence ultime de l’Homme.

Le mot Purusha est un très ancien terme, qu’on trouve déja dans un mythe cosmogonique du Veda. Le terme était alors utilisé dans son sens macrocosmique d’Etre Universel, qui donnait naissance à la multiplicité du cosmos. Purusha, géant cosmique, dont les membres sont les différentes parties du monde.

« L’Homme (puruṣa) a mille têtes. Il a mille yeux, mille pieds. Couvrant la terre de part en part, il la dépasse encore de dix doigts. L’Homme n’est autre que cet univers, ce qui est passé, ce qui est à venir. Et il est maître du domaine immortel, parce qu’il croît au-delà de la nourriture. Telle est sa puissance, et plus vigoureux encore est l’homme. Tous les hommes sont un quartier de lui ; l’immortel au ciel, les trois (autres) quarts. Avec trois quartiers l’Homme s’est élevé là-haut, le quatrième a repris naissance ici-bas. De là il s’est répandu en tous sens, vers les choses qui mangent et qui ne mangent pas (animés et inanimés). De lui est née l’énergie, de l’énergie est né l’homme… », L’hymne du Purusha, Rg Veda, X.

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Purusha, Madhubani, Bihar

Dans les Upanishads, ainsi que dans la Bhagavad Gita (jusqu’au XIIIe chant) Purusha est la Suprême Divinité, le Soi Universel.

« De même que le Feu, qui est un, ayant pénétré le monde, assume autant de formes qu’il existe de formes, de même l’Un, qui est le Soi intime de tous les êtres, assume autant de formes qu’il existe de formes, et est aussi extérieur à elles.

De même que le Soleil, l’oeil du monde entier n’est pas contaminé par les impuretés extérieures vues par l’oeil, de même l’Unique Soi à l’intérieur de tous les êtres n’est jamais contaminé par la misère du monde, étant lui même en dehors. » Katha Upanishad, II

Purusha est le Soi, présent en chacun, immanent.
Il est « madhyastha » : qui se tient au centre.
Purusha vient de puri-shaya= « qui repose dans la citadelle ». On dit qu’il réside dans le coeur, dans la caverne du coeur.
On l’appelle aussi le « Purusha de la dimension du pouce », soulignant ainsi sa taille microcosmique, en opposition à son aspect macrocosmique: « Purusha à mille têtes, mille yeux, mille pieds ».

Il est témoin. Il contemple immobile, en silence, la danse de Prakrti.
Le Samkhya souligne son impassibilité. L’action appartient aux gunas de Prakrti.
Purusha est sans attribut, sans qualité: nirguna.
Il ne peut changer, il ne peut se dégrader. Il est.
On ne peut le voir, on ne peut l’exprimer, mais il éclaire tout.

Selon le Samkhya, l’objectif de Purusha est de réaliser son autonomie fondamentale.
Il est libre par essence, mais il semble lié à Prakrti, tant qu’il apprécie le plaisir, ressent la souffrance et les autres sensations liées aux objets spécifiques, qui lui sont présentés par l’intermédiaire de Buddhi.
« L’Esprit n’est ni lié, ni libéré, ni transmigrant, c’est la personnalité produite par la Nature, qui sous des aspects divers, était liée, transmigrait, est libérée. » Samkhya Karika 62
Prakrti doit permettre à Purusha de prendre conscience de son autonomie, et elle se détachera de lui.
Pour celà, Buddhi est centrale. Buddhi est l’Intelligence, le premier des évolués, le premier des tattvas manifestés.
Buddhi présente à Purusha les objets. Buddhi, tel un miroir, laisse se reflèter ce que les sens ont capté et l’offre à Purusha.
Buddhi est alors agitée, assombrie, voilée.
Mais, en développant sattva, Buddhi peut se dévoiler, se purifier, évoluer afin de reconnaitre Purusha dans sa véritable nature, dans son essence.

Références: Les strophes de Samkhya, par A.M.Esnoul, La voie du Yoga, par J.Papin, introduction aux voies du Yoga, par T.Mickael, Le yoga, par P.Feuga et T.Mickael

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